Comment utilisez-vous les outils de veille augmentés par l’IA générative ? Cette question a été récemment posée à une vingtaine de professionnels de la veille. Les enseignements, au-delà des mythes et représentations, se révèlent très instructifs.
Nous pénétrons petit à petit dans une nouvelle ère de notre rapport à l’intelligence artificielle générative. Un an après qu’une solution de veille augmentée par et présentée lors du salon Viva Technology (Vivatech) 2023, il est stimulant de recenser les premières impressions des professionnels qui l’utilisent au quotidien, qu’ils proviennent de grandes entreprises ou de PME. Quelles sont les actions qu’ils effectuent grâce à cette solution ? En quoi ce nouvel outil leur a-t-il permis d’évoluer dans leurs pratiques ? Quels sont les points positifs et négatifs qu’ils observent ? Au-delà des peurs et des mythes qui accompagnent actuellement l’essor de l’IA, il est paradoxalement opportun de se placer au niveau de ces pratiques afin de… prendre un peu de hauteur.
Quelques freins identifiés, mais surtout des points positifs
Commençons par les freins observés. La consultation empirique qui a été récemment menée auprès d’une vingtaine d’utilisateurs de l’IA générative laisse apparaître certaines limites. « Il est encore très difficile de paramétrer la longueur des résumés et d’indiquer sur quelle base l’outil l’interroge », est-il ainsi indiqué. Ou encore : « La limite de traitement est encore importante ». Au plan général, certaines fonctionnalités de l’intelligence artificielle générative associées à la solution de veille demeurent perfectibles. Le mélange des langues rend la compréhension difficile. Certains prompts (requêtes) n’aboutissent pas nécessairement au rendu attendu, particulièrement celui dédié à l’extraction des thématiques. Certains utilisateurs s’interrogent également sur la qualité des résumés et l’organisation de l’information générée par l’IA, notant des réponses parfois tronquées. Quant à la génération d’images, elle reste encore assez limitée.
Cette liste de points d’amélioration s’accompagne d’un certain nombre de points positifs. Agrémentée d’un bon prompt, la question personnalisée se révèle par exemple très efficace au sein de l’IA. La traduction réalisée est également satisfaisante, ainsi que la présentation des entités citées. L’intelligence artificielle générative réagit en un temps record, ce qui permet au veilleur de travailler de manière continue et dynamique. Cette même intelligence artificielle est enfin capable de dissocier un article intrus (qui est hors sujet et n’a rien à faire là) dans une action groupée.
Des points à améliorer, et de nombreuses attentes
Les utilisateurs interrogés ont également repéré un ensemble de points qui, à condition d’être améliorés, leur permettraient de gagner en efficacité. « Il serait intéressant d’utiliser l’IA afin d’améliorer le sourcing, mais aussi les déclencheurs d’alertes », a-t-on ainsi pu entendre. La dimension pédagogique a également été pointée : mettre des exemples de prompts pourrait ainsi aider les professionnels de la veille dans leurs requêtes. Dans le même ordre d’idée, il serait opportun de préciser la différence de consommation qui existe entre une réponse courte, une réponse normale et une réponse longue. Enfin, il a été demandé que l’IA puisse conseiller le veilleur lors de l’envoi de sa newsletter via des informations statistiques plus précises. Sur ce point, suite aux échanges avec les utilisateurs, des correctifs ont rapidement pu être apportés à la solution de veille. Ceux-ci permettent désormais d’ajuster la date d’envoi d’une lettre d’informations (est-elle plus lue le lundi ou le jeudi, le matin ou le soir ?), mais également de définir le nombre d’articles maximal soumis à lecture (lit-on vraiment 5 articles d’une même newsletter ?)
Ce premier bilan d’étape effectué sur l’usage concret de l’IA générative dans les métiers de la veille nous permet d’avancer utilement dans le rapport que nous entretenons vis-à-vis de cette rupture technologique. Loin de rester prisonniers de certains mythes classiques – notamment celui d’un remplacement de l’homme par la machine, déjà mis en avant dans les années 1970 au moment de l’apparition des ordinateurs – nous prenons conscience de la réalité du terrain : celle d’un usage désormais assumé de l’IA générative par les veilleurs. Une majeure partie de la profession a totalement intégré ce nouvel outil dans sa pratique.
Ce constat place les éditeurs de veille devant un nouveau défi : celui d’une intégration progressive, ajustée et efficiente de l’intelligence artificielle dans les solutions de veille disponibles sur le marché. Ce travail de R&D est d’ores et déjà engagé par les ingénieurs data : depuis peu, l’IA générative embarquée permet d’avoir une idée plus précise des profils de lecture des utilisateurs, du canal sur lequel la newsletter du service de veille est lue, mais aussi – nous l’avons vu – des jours les plus favorables à l’envoi d’une lettre d’information.
Un nouveau défi se présente ainsi à la profession : celui d’une IA générative toujours mieux ajustée aux besoins des veilleurs.