Veille environnementale : deux piliers pour une question stratégique

À l’occasion de la Journée nationale de l’agriculture, la veille environnementale prend une importance particulière. Elle vise à évaluer à la fois le cadre réglementaire et les initiatives innovantes susceptibles de transformer les pratiques du secteur agricole.

Sommes-nous dans une période de rupture ou de continuité ? Dans quelle mesure les transitions actuelles – écologiques, énergétiques, technologiques… – annoncent-elles des changements majeurs ? Ces questions sont essentielles pour le secteur agricole, qui traverse régulièrement des mutations de fond. Il est crucial aujourd’hui d’être extrêmement vigilant face à l’évolution de l’environnement.


Premier pilier : la veille réglementaire

Dans ce champ, la veille implique une observation attentive et continue. Elle est généralement définie comme la collecte d’informations variées concernant l’environnement du secteur d’activité. Cette veille couvre de multiples dynamiques, qui concernent les grands exploitants agricoles ainsi que l’agro-industrie dans son ensemble : informations, innovations, statistiques, données de santé, éléments environnementaux, réglementation, ainsi que les tendances et perspectives émergentes dans nos écosystèmes, dont l’impact n’est pas toujours immédiatement mesurable.

Pour simplifier, on pourrait diviser cette veille en deux axes principaux pour le secteur agro-industriel : le premier est réglementaire, et le second axé sur les initiatives et l’innovation. Le volet réglementaire est une veille approfondie, spécialisée et technique. Il s’agit de surveiller des domaines spécifiques comme la pollution de l’air intérieur, des sols, les rejets atmosphériques, le traitement des déchets ou encore celui des eaux. Pour ces sujets, des experts sont mobilisés pour analyser minutieusement les textes législatifs en discussion, ainsi que les lois adoptées – à l’échelle nationale mais également européenne.

Ces experts examinent chaque phrase, chaque mot, en évaluant leurs conséquences pour les agro-industriels, tous secteurs confondus. Leur objectif est d’extraire des lois et règlements les informations les plus pertinentes pour permettre aux professionnels de rester conformes au cadre environnemental et écologique tout en étant opérationnels. Ils interviennent également lorsque les textes réglementaires modifient certains seuils, nécessitant des investissements.


Second pilier : la veille de l’innovation et des initiatives

Ce premier axe de la veille environnementale doit être complété par une action centrée sur l’observation de l’innovation et des initiatives dans le secteur de l’agriculture et du développement durable. Cette veille est l’apanage des veilleurs, et les solutions techniques à leur disposition sont précieuses. Leur action se concentre en grande partie sur les mouvements des laboratoires et des incubateurs. Grâce à l’intelligence artificielle (IA) et au Machine Learning, il s’agit de repérer les initiatives, inventions et trouvailles, y compris les plus inattendues.

Quelles sont les tendances et inventions permettant de réduire l’empreinte carbone ? Telle est souvent la problématique observée, dans un contexte réglementaire exigeant des efforts et des résultats environnementaux. Les veilleurs surveillent également tout ce qui concerne l’utilisation et la gestion de l’eau, un sujet appelé à être réglementé plus strictement à l’avenir.

On comprend ici que la veille environnementale repose véritablement sur deux piliers : l’un est technique, l’autre lié à l’innovation. Dans un contexte aussi changeant que le nôtre, cet aspect est particulièrement important à observer et analyser. D’autant plus dans un secteur – l’agro-industrie – qui se situe à la croisée des problématiques environnementales et de santé publique, avec des enjeux territoriaux et identitaires majeurs dans notre pays.

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Le territoire : un objet de veille complexe

La veille territoriale réalisée par les acteurs publics est en majeure partie dédiée à l’animation économique locale et correspond à un fort besoin d’attractivité. L’urbanisme et les mobilités figurent parmi les champs les plus surveillés.

 

 

Voici quarante ans que le rôle des collectivités locales et territoriales s’est affirmé. Initiées en 1982 et prolongées jusqu’en 1986, les grandes lois de décentralisation qui ont permis ce mouvement ont donné davantage de latitude à ce qu’il est convenu d’appeler aujourd’hui les « territoires ». Développement économique, logement, transports, tourisme… Les politiques publiques locales se sont progressivement déployées au sein des régions, des départements, des intercommunalités (communautés de communes et communautés d’agglomération principalement), voire des métropoles. Et la veille n’est pas étrangère aux actions menées.

Animer les entreprises et agir sur l’attractivité

La veille territoriale qui est actuellement réalisée au sein des collectivités publiques ou parapubliques répond à un besoin d’information essentiel pour les acteurs locaux. Les données qui sont collectées au quotidien sont principalement centrées sur deux sujets, pour ne pas dire sur deux objectifs complémentaires.

 

Le premier est relatif à l’animation des pôles économiques locaux. Depuis la décentralisation, les collectivités et organismes se trouvent au cœur de la collecte d’informations liées au développement des bassins d’emploi sur lesquels elles officient. De nombreuses informations sont ainsi captées avant d’être transmises aux entreprises, et particulièrement au tissu des PME locales. Les informations dont il est ici question sont rassemblées par les Régions, mais également par les CCI ou les Pôles de compétitivité. Elles témoignent de points de vigilance posés sur le marché local, sur les dynamiques à l’œuvre, sur tout ce qui, d’une manière ou d’une autre, témoigne de tendances en cours ou à venir. Le second grand sujet de la veille est lié à un objectif d’attractivité territoriale. L’information qui est captée vise à valoriser le bassin d’emploi comme le bassin de vie, ceci afin d’attirer davantage d’entreprises. Certaines collectivités cherchent ici à être particulièrement proactives, en surveillant les velléités d’implantation géographique de certains grands comptes. Le principal défi à relever consiste à séduire ces grandes entreprises en leur proposant un accueil sur-mesure, en prise directe avec leurs souhaits.

Mobilité et urbanisme

Comment effectuer cette veille techniquement ? Souvent perçue comme l’équivalent de la veille stratégique pour les entreprises, la veille territoriale comporte plusieurs volets :

  •  Juridique et règlementaire : quelles sont les lois, et plus largement les grands textes de cadrage appelés à avoir un impact sur mon territoire ?
  • Sectoriel : comment se portent les grands secteurs clé de mon territoire ? De quelle manière sont-ils amenés à évoluer, notamment en termes de demande de main d’œuvre ?
  • Social et démographique : quelles sont les tendances à l’œuvre du point de vue des flux d’habitants ? Mon bassin de vie est-il amené à se rajeunir, ou au contraire à vieillir ? Avec quelles conséquences sur les équipements publics (écoles, gymnases…) ?

 

La mobilité et l’aménagement du territoire figurent ici parmi les sujets les plus veillés au niveau local, et pour cause : ils se révèlent intimement liés à la vie économique locale. Le désenclavement d’un territoire (par une autoroute, par une nouvelle desserte de train, par des pistes cyclables) peut ainsi séduire les entreprises en quête de nouveaux locaux. De la même manière, la construction d’un écoquartier urbain, la création de logements collectifs et individuels, l’ouverture d’un pôle commercial de grande envergure assureront aux entreprises une qualité de services pour ses salariés.

 

 

Au fil des années, la veille territoriale locale s’est déportée. D’abord l’apanage des collectivités locales et territoriales que sont les Régions et les Départements, elle a progressivement infusé parmi les Centres de Commerce et d’industrie (CCI), les agences développement locales ainsi que les pôles de compétitivité. À chaque territoire ses problématiques de prédilection : le nautisme et le tourisme en Aquitaine, l’inclusion par l’emploi ou le digital learning en Ile-de-France… Chaque cellule de veille publique ou parapublique présente ses spécificités propres. Toutes ces cellules se rejoignent sur un point : le partage de connaissance et de savoirs sur un écosystème – le territoire – particulièrement complexe, d’autant plus en des temps de transition (économique, environnementale…) tels que ceux que nous traversons actuellement.

 

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