Comment la veille stratégique s’impose-t-elle dans les cursus universitaires ?

Alors que la nouvelle rentrée universitaire se profile en septembre, les cursus intégrant la veille stratégique et concurrentielle gagnent en importance. Ce domaine, qui s’impose de plus en plus dans les programmes de formation, est reconnu comme essentiel pour assurer l’intégration des étudiants sur le marché du travail. Que ce soit dans des masters spécialisés ou des formations plus généralistes, cette compétence est désormais vue comme un atout majeur pour les futurs diplômés.

L’intégration croissante de la veille stratégique dans les cursus universitaires

Avec l’arrivée des nouvelles promotions, enseigner les enjeux de la veille stratégique et concurrentielle de manière concise et précise reste un défi. Généralement, la veille désigne la collecte continue d’informations sur les développements et stratégies des concurrents, incluant les produits, les méthodes de production, les techniques de commercialisation, ainsi que les approches juridiques, de marketing et de communication. Ce processus, varié et complexe, a considérablement évolué ces dernières années. L’enseignement renouvelé de cette veille dans les programmes de troisième cycle universitaire reflète bien cette évolution.

L’émergence de la e-réputation comme facteur clé

À l’Université de Lille, le Master 2 en Sciences de l’Information et du Document (SID) intègre fortement l’information stratégique dans ses enseignements. Stéphane Chaudiron, professeur des universités en sciences de l’Information et de la Communication, met en avant l’importance croissante de la e-réputation. « Les réseaux sociaux ont rendu indispensable la surveillance continue de l’information diffusée », explique-t-il. Depuis l’apparition de Twitter en 2009 (devenu X en 2023), les journalistes utilisent ce vecteur comme une source d’information. Le Web 2.0 a transformé chaque individu en producteur de contenu, complexifiant la gestion de ces informations.

Des outils de veille adaptés aux besoins variés

À l’approche de cette rentrée, les outils de veille s’avèrent plus que jamais essentiels face à l’abondance d’informations. Dans le Master 2 SID de l’Université de Lille, une plateforme de veille professionnelle est utilisée dans les cours, demandant des compétences techniques et un investissement financier. « Il est crucial que les étudiants maîtrisent un processus de veille complet et approfondi. Nous abordons également les outils open source et les solutions prédéfinies pour répondre aux besoins spécifiques de diverses organisations », ajoute Stéphane Chaudiron. La capacité à rédiger des synthèses claires et concises est aussi mise en avant, car elle permet de transformer les informations collectées en analyses exploitables.

Une utilisation stratégique de l’information dans les entreprises

Cette approche se retrouve dans de nombreux programmes spécialisés, où la veille est perçue comme un outil stratégique au service des objectifs de l’entreprise. Elle permet d’évaluer les influences et repose sur des outils professionnels sophistiqués. Par exemple, l’utilisation de plateformes de veille performantes, dotées de fonctionnalités de diffusion et d’annotation, facilite une exploitation optimale de l’information. Ces outils aident à préparer les étudiants à utiliser l’information de manière stratégique, que ce soit pour conquérir de nouveaux marchés ou pour affiner les stratégies internes des organisations.

Une rentrée sous le signe de l’innovation et de la préparation

Avec la nouvelle rentrée qui se prépare en ce printemps, de nombreux cursus intègrent la veille stratégique dans leurs enseignements, particulièrement au niveau des masters. Les enseignants-chercheurs affinent continuellement leurs programmes pour préparer au mieux les étudiants à la vie professionnelle. Que ces derniers se destinent à des postes spécifiques de veille ou à des rôles plus généraux, il est clair que la maîtrise de l’information est une compétence de plus en plus recherchée sur le marché du travail. Cette maîtrise nécessite une bonne connaissance des outils de veille, permettant une action précise et ajustée.

Ainsi, en vue de la prochaine rentrée universitaire, les étudiants qui postulent aux masters de veille peuvent s’attendre à des programmes enrichis et à des opportunités accrues pour développer des compétences stratégiques essentielles, assurant leur succès dans un marché du travail en constante évolution.

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En 2023, des organisations encore mieux formées à la veille

L’année qui démarre devrait voir se consolider les tendances actuelles, qui reposent en grande partie sur des investissements majeurs consentis par les grands groupes en termes d’intelligence économique.

Si l’horizon est loin d’être bouché, il n’en reste pas moins relativement incertain. Les milieux économiques le sentent, et certains atermoiements attestent depuis deux ans d’une forme d’hésitation, pour ne pas dire d’attentisme. Dans un tel contexte, la problématique de la veille demeure plus que jamais importante dans la mesure où elle permet de surveiller l’évolution générale de la situation, de repérer les signaux faibles et de rester en alerte face aux possibilités qui ne manquent jamais de surgir. Le paradoxe est à souligner : c’est en situation de transition que les opportunités sont à saisir !


Investir dans l’intelligence économique

De nombreuses entreprises ont conscience de cela, et continuent actuellement d’investir dans l’intelligence économique. L’année 2023 devrait encore une fois confirmer cette tendance qui voit la veille se déployer au cœur des organisations, avec une information qui circule de plus en plus de manière transversale en interne. C’est tout particulièrement vrai pour les grands groupes : les banques, les assurances, les compagnies d’énergie ont un besoin impérieux de suivre au plus près les tendances des marchés. Il s’agit là non seulement de se maintenir à l’écoute du moindre événement, mais aussi de trouver des relais de croissance et de surveiller la concurrence. Nous pouvons observer que certains de ces grands groupes déploient désormais l’intelligence économique tous azimuts, sur tous les marchés envisageables, au sein de toutes les zones de chalandise. Ces entreprises cherchent à aller toujours plus loin dans la veille, sollicitant des éditeurs et des solutions de plus en plus pointus dans leur technicité.


Des professionnels de plus en plus formés à la veille

Cette dynamique peut en partie s’expliquer par la formation plus spécialisée qui est celle des professionnels, et qui elle aussi ne cesse d’évoluer. Au sein des universités de Lille et de Strasbourg par exemple, les étudiants sont formés à la veille à travers des troisièmes cycles qui les amènent à découvrir le maniement de plateformes professionnelles. Une fois placés en situation de travail, ces jeunes collaborateurs acculturent leur organisation à la fois à la nécessité de réaliser de la veille stratégique, mais également à celle de disposer d’un outil technique véritable, conçu spécifiquement pour l’intelligence économique. Par ce biais, des liens plus ténus sont tissés entre les organisations et les éditeurs de solutions de veille, contribuant à faire infuser la veille. Déjà présente en 2022, cette tendance devrait se poursuivre cette année.


Un marché qui se consolide toujours

Quant au secteur de la veille lui-même, il devrait poursuivre sa sûre et lente évolution. Certes, l’an dernier, nous avons pu noter qu’un acteur majeur de la veille avait été racheté par une entreprise américaine. D’autres mouvements se poursuivent, qui voient certains nouveaux venus apparaître. Afin de consolider leur place sur le marché, ces entrants déploient des stratégies parfois agressives, notamment en termes de communication. En dépit de cela, le marché de la veille n’en demeure pas moins relativement stable, ce que devrait confirmer l’année 2023. Ce marché se consolide en grande partie autour d’acteurs bien installés, dont les solutions ont fait leurs preuves et qu’il s’agit désormais de rendre plus agiles – notamment en favorisant le partage d’informations ou en développant des technologies de type « speech-to-text » qui permettent de veiller du contenu vidéo ou encore des podcasts.

En 2023, un point pourrait cependant prendre une importance plus prégnante : la sécurité des données. Il n’a échappé à personne que les organisations étaient depuis plusieurs années de plus en plus sujettes à des cyber-attaques, ni que la situation internationale avait remis au goût du jour la question de la protection et de la souveraineté des données. Au sein des entreprises, les DSI regagnent du pouvoir à travers le rôle actif que jouent en leur sein les DPO ou encore les Data Officers. Sécuriser l’organisation et protéger son personnel : ces directions informatiques ont du pain sur la planche, et se révèlent de plus en plus sensibles à la sécurisation des données qui sont générées.

Le champ de la veille est bien entendu pleinement concerné par cette évolution. Où sont stockées les données ? Sur ce point, les éditeurs de veille se doivent de proposer des solutions pleinement safe, par exemple en possédant leurs propres serveurs. Ce n’est pas donné à tout un chacun, ce qui pourrait en 2023 amener certaines sociétés à se poser des questions nouvelles.

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Les universités font confiance à la solution KB Crawl

Plusieurs universités ont opté pour la solution de veille KB Crawl afin d’enseigner aux étudiants les arcanes de la veille. Parmi elles, celles de Lille et de Strasbourg, auprès d’étudiants formés tout à la fois à des postes généralistes et spécialisés. Témoignages. 

Deux universités, deux diplômes différents dans leurs contenus pédagogiques mais un point commun : une utilisation régulière de la solution de veille KB Crawl, enseignée dans les deux cas aux futurs diplômés. À Lille et à Strasbourg, l’outil de veille KB Crawl est mobilisé par les responsables pédagogiques pour leurs enseignements. Avec toutefois quelques nuances.


Des informations à vérifier absolument

« Notre master 2 dépend de la Faculté des langues, et les étudiants qui viennent chez nous ambitionnent de travailler à l’international. C’est dans ce cadre que nous leur faisons découvrir ce qu’est la veille stratégique et économique », explique Ophélie Olivier-Garnier, responsable pédagogique du Master 2 en Intelligence Économique et Gestion du Développement International de l’université de Strasbourg. À Lille, l’approche est légèrement différente. Et pour cause : le Master 2 SID (Sciences de l’Information et du Document) fait la part belle à l’information stratégique, placée au cœur de l’enseignement qui s’y trouve prodigué. « La veille a longtemps été l’apanage de professionnels de la documentation et de l’information, avant de devenir un enjeu stratégique : les réseaux sociaux, avec leurs lots d’informations à vérifier absolument, sont passés par là. Il est fondamental de former nos étudiants dans un tel contexte », indique de son côté Stéphane Chaudiron, professeur des universités en sciences de l’Information et de la Communication et directeur du master.


Avec KB Crawl, effectuer un travail de veille approfondi

À chaque type de veille son outil. Dans ses cours, Stéphane Chaudiron utilise notamment la solution de veille KB Crawl. « Je mobilise avec mes étudiants un ensemble de plateformes et connais très bien KB Crawl depuis plus de 10 ans. Cette solution nécessite certes un investissement en termes de coût et de technicité, laquelle me permet d’enseigner aux étudiants comment effectuer un travail approfondi de veille », explique-t-il. Qui des éditeurs de contenus qui offrent des outils d’alerte et parfois de curation de données ? Pour le professeur des universités et chercheur, de telles ressources peuvent répondre à un certain nombre de tâches… mais pas à toutes. « Je souhaite que les étudiants aient une vision la plus large possible des méthodes qui permettent de réaliser de la veille. Nous passons bien sûr en revue des outils généralistes, avant de nous concentrer sur KB Crawl et son outil de veille complet. Cela me permet d’aborder toutes les situations avec les étudiants : la veille se décline de manières diverses selon que l’on travaille dans une salle de rédaction, chez Total ou à la SNCF, dans un environnement marketing, de veille image, de veille scientifique ou technique. »


« Je souhaite que les étudiants voient ce qu’est un vrai outil de veille professionnel »


Autre cas de figure à Strasbourg, où les étudiants n’ont pas réellement vocation à devenir des veilleurs professionnels. Pour autant, l’un des objectifs poursuivis par le M2 en Intelligence Économique et Gestion du Développement International consiste à leur faire prendre conscience combien la veille relève d’une matière stratégique. « Je souhaite que nos étudiants exploitent l’information, qu’ils la mettent au service de la stratégie de leur organisation et de la conquête de nouveaux marchés », témoigne Ophélie Olivier-Garnier. « C’est pour cette raison que j’ai opté pour KB Crawl : je veux que les futurs professionnels voient ce qu’est vraiment un outil de veille professionnel, efficace et qui fonctionne très bien. »

Une solution que la responsable pédagogique du M2 de Strasbourg a demandé à plusieurs de ces étudiants de mobiliser dans le cadre d’une recherche de stage destinée aux étudiants de LEA (langues étrangères appliquées). Plusieurs mois durant, après avoir appris les bases de la solution KB Crawl, un groupe d’étudiants a œuvré afin d’identifier pour leurs camarades des stages disponibles à l’international – en Irlande, en Espagne, en Allemagne et en Italie notamment. « Nous avons beaucoup appris au cours de cet exercice », expliquent Claire Carreno et Geoffrey Krau, deux d’entre eux. « Nous ne connaissions pas vraiment la puissance d’un travail de veille, et cet exercice a réellement permis de mettre en pratique nos cours théoriques. Même s’il faut s’investir afin de bien maîtriser la puissance de l’outil, le résultat est là ». Même son de cloche chez Theo Krau, qui n’a pas fait partie du groupe mais dont l’alternance est à 100% centrée sur la veille. « La solution KB Crawl nécessite de s’accrocher, notamment via les tutos disponibles. Mais au final cela vaut le coup. »

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Newsletter juin 2022

EDITO

Veille stratégique et prise de décisions.
Si la connaissance de l’existence de la veille au sein de l’entreprise est un bon début, le lien entre veille et prise de décision est parfois méconnu, même parmi les lecteurs de la veille ou parmi les veilleurs eux-mêmes. Certains ne réalisent pas que la veille est un outil d’aide à la décision, même s’ils ont personnellement expérimenté le fait de réagir à une information de veille. Et s’ils réalisent que la veille peut aider, il leur est difficile de savoir en quoi et comment. Il est donc nécessaire d’intégrer la veille stratégique au processus de prise de décision dans les organisations. La preuve en est, à la question « comment prendre une bonne décision ? », de nombreuses personnes citent spontanément la veille et la collecte d’informations de manière générale. Formaliser le lien entre veille stratégique et prise de décision est essentiel afin de passer d’une simple veille documentaire à une véritable veille décisionnelle, pour prendre les meilleures décisions stratégiques.

Arnaud MARQUANT


ZOOM SUR…

  • Le mois de juillet :

🚴‍♂️ 1 juillet : Tour de France (jusqu’au 24/07)

⛱ 6 juillet : Vacances d’été 

🎓 5 juillet : Résultats du Bac

🎆 14 juillet : Fête Nationale 

👯‍♀️ 30 juillet : Journée internationale de l’amitié

 

  • Regarder dès maintenant notre replay sur “La veille dans un contexte de transition mondiale : une nécessité pour les PME grâce KB Access” :

L’ASTUCE DU VEILLEUR

Initier une veille

Avant de débuter une veille, il est primordial de définir ses objectifs et ses axes de veilles pour capter au mieux les informations pertinentes à vos yeux. Il est alors important de bien choisir les thèmes que l’on souhaite surveiller. Sur KB Access, vous pouvez, grâce aux thématiques, délimiter vos sujets de surveillance qui réfèrent à vos projets de veille. Ces thématiques vont vous permettre de classer vos informations et ainsi d’avoir une veille efficace.

L.C


TEMOIGNAGE

La veille : un enseignement de plus en plus présent à l’université

Alors que, les procédures d’orientation battent leur plein, nous observons que la veille stratégique et concurrentielle est de plus en plus intégrée au sein des enseignements universitaires. Qu’il s’agisse de masters spécialisés ou de formations plus générales, cette compétence est en voie d’être reconnue comme étant un prérequis dans le monde professionnel. L’objectif demeurant que les étudiants trouvent  leur place sur le marché du travail.

Il n’est pas toujours aisé de définir de manière synthétique et complète ce que recouvrent exactement les termes de veille stratégique ou concurrentielle. Dans l’ensemble, les définitions auxquelles nous avons affaire sont assez – voire trop – générales. Le plus souvent, la veille renvoie à une action de collecte permanente d’informations sur les avancées ainsi que sur les orientations stratégiques de la concurrence en matière de produits, de techniques de production, de modalités de commercialisation, voire de marketing et de communication. En réalité, la veille relève d’un processus multiforme, voire protéiforme, qui a connu des évolutions notables ces dernières années. Pour s’en convaincre, il suffit de se tourner vers la manière dont cette veille est enseignée dans certaines formations universitaires de troisième cycle.

L’irruption de la e-réputation comme rupture

À l’université de Lille, le Master 2 SID (Sciences de l’Information et du Document) fait la part belle à l’information stratégique, placée au cœur de l’enseignement. Dirigé par Stéphane Chaudiron, professeur des universités en sciences de l’Information et de la Communication, ce M2 lie de manière très nette les métiers de l’information (pour ne pas dire de la documentation) et les métiers de la communication. Lorsque l’on interroge Stéphane Chaudiron sur les évolutions récentes que la veille a connues, celui-ci évoque spontanément l’irruption de la e-réputation. « C’est bien sûr aux réseaux sociaux que l’on doit la nécessité de surveiller au jour le jour l’information qui circule dans les médias », explique-t-il. « C’est à partir de 2009, avec l’apparition de Twitter sur la scène professionnelle, que les journalistes ont commencé à utiliser ce nouveau vecteur comme une source d’information. Avec le Web 2.0, tout le monde est, en effet, devenu producteur d’information, avec des effets désormais bien connus sur le fait que ces contenus ne sont pas maîtrisés. »

Découvrez la suite sur notre blog : À chaque type de veille son outil.

Découvrez le point de vu des étudiants : Que pensez-vous des formations que vous suivez en veille stratégique et économique ? Cette question a été posée à cinq étudiants en Master au sein des universités de Lille et de Strasbourg. Une intéressante manière de voir comment la veille est perçue, intégrée et appliquée lors des stages et formations en alternance.

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La veille : un enseignement de plus en plus présent à l’université

Alors que, les procédures d’orientation battent leur plein, nous observons que la veille stratégique et concurrentielle est de plus en plus intégrée au sein des enseignements universitaires. Qu’il s’agisse de masters spécialisés ou de formations plus générales, cette compétence est en voie d’être reconnue comme étant un prérequis dans le monde professionnel. L’objectif demeurant que les étudiants trouvent  leur place sur le marché du travail.

Il n’est pas toujours aisé de définir de manière synthétique et complète ce que recouvrent exactement les termes de veille stratégique ou concurrentielle. Dans l’ensemble, les définitions auxquelles nous avons affaire sont assez – voire trop – générales. Le plus souvent, la veille renvoie à une action de collecte permanente d’informations sur les avancées ainsi que sur les orientations stratégiques de la concurrence en matière de produits, de techniques de production, de modalités de commercialisation, voire de marketing et de communication. En réalité, la veille relève d’un processus multiforme, voire protéiforme, qui a connu des évolutions notables ces dernières années. Pour s’en convaincre, il suffit de se tourner vers la manière dont cette veille est enseignée dans certaines formations universitaires de troisième cycle.


L’irruption de la e-réputation comme rupture

À l’université de Lille, le Master 2 SID (Sciences de l’Information et du Document) fait la part belle à l’information stratégique, placée au cœur de l’enseignement. Dirigé par Stéphane Chaudiron, professeur des universités en sciences de l’Information et de la Communication, ce M2 lie de manière très nette les métiers de l’information (pour ne pas dire de la documentation) et les métiers de la communication. Lorsque l’on interroge Stéphane Chaudiron sur les évolutions récentes que la veille a connues, celui-ci évoque spontanément l’irruption de la e-réputation. « C’est bien sûr aux réseaux sociaux que l’on doit la nécessité de surveiller au jour le jour l’information qui circule dans les médias », explique-t-il. « C’est à partir de 2009, avec l’apparition de Twitter sur la scène professionnelle, que les journalistes ont commencé à utiliser ce nouveau vecteur comme une source d’information. Avec le Web 2.0, tout le monde est, en effet, devenu producteur d’information, avec des effets désormais bien connus sur le fait que ces contenus ne sont pas maîtrisés. »


À chaque type de veille son outil

Face à une telle profusion d’informations dont les sources sont plurielles, les outils de veille se révèlent majeurs. Sur ce point, Stéphane Chaudiron utilise dans ses cours une plateforme de veille professionnelle, qui nécessite de la technicité ainsi qu’un investissement financier dédié. « Il est important pour moi que les étudiants sachent se lancer dans un processus de veille complet, profond, détaillé. Je n’oublie pas pour autant les outils disponibles en open source, voire des outils qui vont permettre de veiller via des sources prédéfinies, sur lesquelles le veilleur n’aura certes pas la main. Celles-ci auront le mérite de répondre aux demandes de certaines organisations dans lesquelles nos étudiants sont appelés à évoluer dans leur parcours professionnel. Nous souhaitons que les apprenants sachent que la veille se décline de manière très différente selon que l’on se situe à la SNCF, chez Total ou dans une salle de rédaction », poursuit Stéphane Chaudiron.

En l’espèce, les sources veillées comme les filtres constituent des enjeux majeurs, de même que la capacité des étudiants à rédiger des synthèses. Pour Stéphane Chaudiron, cette question rédactionnelle, liée à l’analyse et au livrable, est importante : présenter les signaux forts et faibles, mobiliser des graphiques ad hoc… Les compétences du veilleur demeurent plus que jamais liées à sa capacité intrinsèque à réaliser des analyses, en se détachant le plus possible de la technique et de l’outil.


Une exploitation fine de l’information dans les organisations

Cette affirmation vaut également pour le Master 2 en Intelligence Économique et Gestion du Développement International de l’Université de Strasbourg, où la veille relève un peu plus d’un moyen que d’une fin. Selon Ophélie Olivier-Garnier, responsable pédagogique de ce M2 et qui a longtemps œuvré auprès des PME avant de prendre en charge un projet européen, la veille constitue une technique nécessaire à l’ensemble des étudiants. « Ces derniers viennent de filières disparates et ne sont pas toujours convaincus de l’utilité d’effectuer des actions de veille à l’aide d’une méthodologie et d’outils définis : c’est pour cette raison que je leur propose d’effectuer leur recherche de stage en mettant en place une action de veille. Les résultats qu’ils obtiennent grâce à cette méthode et à une plateforme spécifique achèvent de les convaincre de l’importance d’une telle démarche ! », explique-t-elle.

D’autant que la filière internationale de cette formation implique une exploitation fine de l’information à l’échelle mondialisée, avec un objectif de conquête de nouveaux marchés. « L’information est un outil, et nous estimons que la démarche de veille est importante même si elle n’est pas la finalité même de notre master », poursuit Ophélie Olivier-Garnier. « Nous expliquons ici que la veille est au service des enjeux de stratégie de l’entreprise, qu’elle permet de mesurer une influence et qu’elle repose sur des outils professionnels. Pendant quelques années, nous avions une plateforme de veille dont le rendu n’était pas satisfaisant. Celui que nous utilisons désormais est plus efficace. Il comporte une partie de diffusion de l’information intéressante, avec des tableaux de bord et la possibilité de souligner et d’annoter les textes. Une vraie solution qualitative. »

Au sein du monde universitaire, de nombreuses formations intègrent ainsi la veille dans les enseignements prodigués, tout particulièrement au sein des Master. Nombre d’enseignants-chercheurs affinent année après année leurs contenus pédagogiques avec pour objectif de préparer au mieux les étudiants à entrer dans la vie active. Que ces derniers se destinent à un travail de veille strict ou qu’ils soient amenés à jouer un rôle plus général au cœur des organisations, il est de plus en plus acquis que le maniement de l’information fait partie des compétences demandées sur le marché du travail. Un maniement qui nécessite une bonne connaissance des outils techniques de veille, les plus à mêmes de réaliser une action à la fois profonde, fine et ajustée.

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En 2023, des organisations encore mieux formées à la veille

L’année qui démarre devrait voir se consolider les tendances actuelles, qui reposent en grande partie sur des investissements majeurs consentis par les grands groupes en termes d’intelligence économique.

Si l’horizon est loin d’être bouché, il n’en reste pas moins relativement incertain. Les milieux économiques le sentent, et certains atermoiements attestent depuis deux ans d’une forme d’hésitation, pour ne pas dire d’attentisme. Dans un tel contexte, la problématique de la veille demeure plus que jamais importante dans la mesure où elle permet de surveiller l’évolution générale de la situation, de repérer les signaux faibles et de rester en alerte face aux possibilités qui ne manquent jamais de surgir. Le paradoxe est à souligner : c’est en situation de transition que les opportunités sont à saisir !


Investir dans l’intelligence économique

De nombreuses entreprises ont conscience de cela, et continuent actuellement d’investir dans l’intelligence économique. L’année 2023 devrait encore une fois confirmer cette tendance qui voit la veille se déployer au cœur des organisations, avec une information qui circule de plus en plus de manière transversale en interne. C’est tout particulièrement vrai pour les grands groupes : les banques, les assurances, les compagnies d’énergie ont un besoin impérieux de suivre au plus près les tendances des marchés. Il s’agit là non seulement de se maintenir à l’écoute du moindre événement, mais aussi de trouver des relais de croissance et de surveiller la concurrence. Nous pouvons observer que certains de ces grands groupes déploient désormais l’intelligence économique tous azimuts, sur tous les marchés envisageables, au sein de toutes les zones de chalandise. Ces entreprises cherchent à aller toujours plus loin dans la veille, sollicitant des éditeurs et des solutions de plus en plus pointus dans leur technicité.


Des professionnels de plus en plus formés à la veille

Cette dynamique peut en partie s’expliquer par la formation plus spécialisée qui est celle des professionnels, et qui elle aussi ne cesse d’évoluer. Au sein des universités de Lille et de Strasbourg par exemple, les étudiants sont formés à la veille à travers des troisièmes cycles qui les amènent à découvrir le maniement de plateformes professionnelles. Une fois placés en situation de travail, ces jeunes collaborateurs acculturent leur organisation à la fois à la nécessité de réaliser de la veille stratégique, mais également à celle de disposer d’un outil technique véritable, conçu spécifiquement pour l’intelligence économique. Par ce biais, des liens plus ténus sont tissés entre les organisations et les éditeurs de solutions de veille, contribuant à faire infuser la veille. Déjà présente en 2022, cette tendance devrait se poursuivre cette année.


Un marché qui se consolide toujours

Quant au secteur de la veille lui-même, il devrait poursuivre sa sûre et lente évolution. Certes, l’an dernier, nous avons pu noter qu’un acteur majeur de la veille avait été racheté par une entreprise américaine. D’autres mouvements se poursuivent, qui voient certains nouveaux venus apparaître. Afin de consolider leur place sur le marché, ces entrants déploient des stratégies parfois agressives, notamment en termes de communication. En dépit de cela, le marché de la veille n’en demeure pas moins relativement stable, ce que devrait confirmer l’année 2023. Ce marché se consolide en grande partie autour d’acteurs bien installés, dont les solutions ont fait leurs preuves et qu’il s’agit désormais de rendre plus agiles – notamment en favorisant le partage d’informations ou en développant des technologies de type « speech-to-text » qui permettent de veiller du contenu vidéo ou encore des podcasts.

En 2023, un point pourrait cependant prendre une importance plus prégnante : la sécurité des données. Il n’a échappé à personne que les organisations étaient depuis plusieurs années de plus en plus sujettes à des cyber-attaques, ni que la situation internationale avait remis au goût du jour la question de la protection et de la souveraineté des données. Au sein des entreprises, les DSI regagnent du pouvoir à travers le rôle actif que jouent en leur sein les DPO ou encore les Data Officers. Sécuriser l’organisation et protéger son personnel : ces directions informatiques ont du pain sur la planche, et se révèlent de plus en plus sensibles à la sécurisation des données qui sont générées.

Le champ de la veille est bien entendu pleinement concerné par cette évolution. Où sont stockées les données ? Sur ce point, les éditeurs de veille se doivent de proposer des solutions pleinement safe, par exemple en possédant leurs propres serveurs. Ce n’est pas donné à tout un chacun, ce qui pourrait en 2023 amener certaines sociétés à se poser des questions nouvelles.

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