Category: Blog de la veille

Les femmes dans la veille : une forte présence… à préserver

Traditionnellement féminin, le métier de veilleur évolue vers une culture de l’ingénierie de l’information. Ce qui n’est peut-être pas sans risque pour les femmes qui aujourd’hui occupent les avants postes.

« Investir en faveur des femmes : accélérer le rythme » : tel est le thème qui, cette année, est accolé à la journée internationale des droits des femmes. Créée à l’initiative de l’ONU en 1975, organisée en France depuis 1982, cette journée nous donne année après année l’occasion de réfléchir à la place des femmes dans notre société, mais également dans les secteurs professionnels dans lesquels nous évoluons. Ce regard critique n’échappe pas, bien sûr, aux métiers de la veille et de l’intelligence économique, où certaines dynamiques peuvent se révéler trompeuses… Car pour autant qu’elle soit plutôt favorable aux femmes, la situation est peut-être appelée à évoluer drastiquement dans les années à venir. 

Veille : beaucoup de femmes occupent des postes à responsabilité

Afin de bien comprendre ce phénomène, il s’agit en premier lieu de poser quelques éléments de contexte. Quelle est la part des femmes dans l’univers de la veille ? Il n’existe malheureusement pas de chiffres fiables sur le sujet, ce qui ne veut pas dire que nous sommes devant une inconnue. De manière empirique et sans grand risque de se tromper, nous pouvons affirmer qu’une grande partie des veilleurs qui opèrent actuellement au sein des grands groupes ainsi que des ETI et des PME sont des femmes. La raison est historique. Le métier de veilleur prend en effet ses racines dans celui de gestionnaire de l’information, voire dans certains cas de responsable de la documentation. Il y a une vingtaine, voire une trentaine d’années, la veille était assurée par des documentalistes à qui il était en grande partie demandé de collecter de l’information et de réaliser des tâches administratives. La culture du métier a évolué au fil des ans : désormais, le veilleur se doit de poser un regard critique, stratégique, sur une information devenue pléthorique. Ainsi, les femmes qui ont débuté leurs carrières à des postes de documentation ont-elles pu évoluer. La veille étant une industrie comme une autre, elles ont progressé dans la hiérarchie de leurs organisations et sont parvenues à occuper des postes à responsabilité.

Des formations universitaires désormais centrées sur la stratégie

En 2024, ce sont donc des femmes qui occupent majoritairement des postes clés dans le secteur de la veille. Mais cette situation est peut-être appelée à évoluer. Dans les masters qui, de plus en plus, forment les étudiants à la veille stratégique, nous observons en effet une nette tendance à l’essor présentiel des hommes. Les interventions effectuées au sein des promotions universitaires nous permettent de constater que de plus en plus de garçons entendent désormais se tourner vers la veille, ce que confirment du reste des offres d’emploi que nous pouvons lancer et auxquelles les hommes répondent de plus en plus massivement. Comment expliquer ce phénomène ? Certainement grâce à l’approche culturelle. En effet, les masters de veille passent désormais sous silence la documentation comme élément central du métier. Ils mettent davantage en avant des dimensions stratégique, géopolitique, internationale parfois. Tout en soulignant la nécessité d’organiser les connaissances, leurs intitulés parlent d’intelligence économique, d’innovation, d’information stratégique, quand ce n’est pas de consulting ou d’économie internationale. Peu à peu, la veille se présente comme un jeu d’échecs, voire comme un lieu symbolique de bataille…  

 

Ces changements sémantiques présentant le champ de la veille stratégique et de l’intelligence économique témoignent d’une évolution à l’œuvre qui ferait la part belle à une culture plus affirmée de l’ingénierie de l’information. Ceci n’est bien sûr aucunement critiquable en soi. Conservons simplement à l’esprit que le champ de l’ingénierie se révèle plus favorable aux hommes qu’aux femmes, avec seulement 24% d’ingénieures comptabilisées en 2023 (et une stagnation de la féminisation des métiers depuis 10 ans). N’oublions pas non plus que l’Éducation Nationale déploie actuellement une vaste stratégie destinée à redorer le blason de l’ingénierie et des sciences auprès des élèves, et particulièrement des jeunes filles. En d’autres termes, fort de ces connaissances, sachons conserver la singularité du métier de veilleur, où les femmes jouent actuellement les premiers rôles et où la parité est une dynamique précieuse en termes d’intelligence collective.

Learn More

Le territoire : un objet de veille complexe

La veille territoriale réalisée par les acteurs publics est en majeure partie dédiée à l’animation économique locale et correspond à un fort besoin d’attractivité. L’urbanisme et les mobilités figurent parmi les champs les plus surveillés.

 

 

Voici quarante ans que le rôle des collectivités locales et territoriales s’est affirmé. Initiées en 1982 et prolongées jusqu’en 1986, les grandes lois de décentralisation qui ont permis ce mouvement ont donné davantage de latitude à ce qu’il est convenu d’appeler aujourd’hui les « territoires ». Développement économique, logement, transports, tourisme… Les politiques publiques locales se sont progressivement déployées au sein des régions, des départements, des intercommunalités (communautés de communes et communautés d’agglomération principalement), voire des métropoles. Et la veille n’est pas étrangère aux actions menées.

Animer les entreprises et agir sur l’attractivité

La veille territoriale qui est actuellement réalisée au sein des collectivités publiques ou parapubliques répond à un besoin d’information essentiel pour les acteurs locaux. Les données qui sont collectées au quotidien sont principalement centrées sur deux sujets, pour ne pas dire sur deux objectifs complémentaires.

 

Le premier est relatif à l’animation des pôles économiques locaux. Depuis la décentralisation, les collectivités et organismes se trouvent au cœur de la collecte d’informations liées au développement des bassins d’emploi sur lesquels elles officient. De nombreuses informations sont ainsi captées avant d’être transmises aux entreprises, et particulièrement au tissu des PME locales. Les informations dont il est ici question sont rassemblées par les Régions, mais également par les CCI ou les Pôles de compétitivité. Elles témoignent de points de vigilance posés sur le marché local, sur les dynamiques à l’œuvre, sur tout ce qui, d’une manière ou d’une autre, témoigne de tendances en cours ou à venir. Le second grand sujet de la veille est lié à un objectif d’attractivité territoriale. L’information qui est captée vise à valoriser le bassin d’emploi comme le bassin de vie, ceci afin d’attirer davantage d’entreprises. Certaines collectivités cherchent ici à être particulièrement proactives, en surveillant les velléités d’implantation géographique de certains grands comptes. Le principal défi à relever consiste à séduire ces grandes entreprises en leur proposant un accueil sur-mesure, en prise directe avec leurs souhaits.

Mobilité et urbanisme

Comment effectuer cette veille techniquement ? Souvent perçue comme l’équivalent de la veille stratégique pour les entreprises, la veille territoriale comporte plusieurs volets :

  •  Juridique et règlementaire : quelles sont les lois, et plus largement les grands textes de cadrage appelés à avoir un impact sur mon territoire ?
  • Sectoriel : comment se portent les grands secteurs clé de mon territoire ? De quelle manière sont-ils amenés à évoluer, notamment en termes de demande de main d’œuvre ?
  • Social et démographique : quelles sont les tendances à l’œuvre du point de vue des flux d’habitants ? Mon bassin de vie est-il amené à se rajeunir, ou au contraire à vieillir ? Avec quelles conséquences sur les équipements publics (écoles, gymnases…) ?

 

La mobilité et l’aménagement du territoire figurent ici parmi les sujets les plus veillés au niveau local, et pour cause : ils se révèlent intimement liés à la vie économique locale. Le désenclavement d’un territoire (par une autoroute, par une nouvelle desserte de train, par des pistes cyclables) peut ainsi séduire les entreprises en quête de nouveaux locaux. De la même manière, la construction d’un écoquartier urbain, la création de logements collectifs et individuels, l’ouverture d’un pôle commercial de grande envergure assureront aux entreprises une qualité de services pour ses salariés.

 

 

Au fil des années, la veille territoriale locale s’est déportée. D’abord l’apanage des collectivités locales et territoriales que sont les Régions et les Départements, elle a progressivement infusé parmi les Centres de Commerce et d’industrie (CCI), les agences développement locales ainsi que les pôles de compétitivité. À chaque territoire ses problématiques de prédilection : le nautisme et le tourisme en Aquitaine, l’inclusion par l’emploi ou le digital learning en Ile-de-France… Chaque cellule de veille publique ou parapublique présente ses spécificités propres. Toutes ces cellules se rejoignent sur un point : le partage de connaissance et de savoirs sur un écosystème – le territoire – particulièrement complexe, d’autant plus en des temps de transition (économique, environnementale…) tels que ceux que nous traversons actuellement.

 

Learn More

Confiance, accompagnement et processus de compréhension de l’IA : les enjeux de l’année 2024

En cette année 2024, le marché de la veille devrait surfer sur la confiance revenue au sein du secteur de la Tech. Parmi les enjeux à venir figurent l’accompagnement plus étroit des organisations et la poursuite de l’analyse des impacts nés de l’IA générative.  

 

L’année 2023 qui vient de s’achever a été marquée par plusieurs phénomènes majeurs qui peuvent nous servir de point d’appui au moment de basculer dans une nouvelle année. Ces phénomènes nous permettent en effet d’entrevoir dans leurs grandes lignes les dynamiques qui nous attendent en 2024. Des évolutions tout à la fois liées à des questions de nature économique, technologique et organisationnelle.

Resserrement du marché et confiance

Economiquement, le secteur de la veille vit conjoncturellement une période de croissance et de contraction du marché. En 2024, les dynamiques d’acquisitions dans lesquelles se sont lancé certains éditeurs de veille devraient naturellement se poursuivre, le tout dans un contexte de confiance renouvelée. Car nous l’avons vu ces derniers temps : après des mois d’attentisme, des investissements d’importance sont de nouveau consentis au niveau de la Tech française, à l’image de la levée de fonds de Mistral AI, qui incarne pour beaucoup les espoirs français dans l’Intelligence Artificielle.   Cette confiance devrait jouer le rôle d’un accélérateur pour l’écosystème de la veille. En 2024, la croissance de celui-ci devrait se poursuivre, aiguillonnée également par le contexte de crises et de transitions que nous connaissons depuis quelques années déjà. Guerres, conflits internationaux, évolutions juridiques, avancées techniques… Ces éléments multiples ne cesseront pas de s’articuler et d’avoir des répercussions concrètes sur les biens et les services, les flux de marchandises ou encore les demandes du marché. Pour les éditeurs de solutions de veille, il s’agira ainsi de se diversifier en apportant des prestations additionnelles aux organisations, mais également de renforcer leur accompagnement.   La nature même de cet accompagnement devrait elle aussi évoluer. Le besoin de services et de qualité dans le relationnel avec les entreprises sera sans nul doute l’une des grandes évolutions qualitatives et culturelles du marché de la veille stratégique en 2024. Conseil, externalisation du processus de veille, accompagnement étroit sur les projets… Au-delà de l’outil de veille (qui demeurera bien entendu un critère de choix important), il s’agira de guider les organisations vers les solutions qui leur sont le plus utiles en s’inscrivant à leurs côtés dans un processus de suivi.

L’IA générative : jusqu’où ?

Technologiquement, l’année qui s’esquisse sera bien sûr largement marquée par l’Intelligence Artificielle et ses conséquences sur le métier. Nous n’avons pas fini, en 2024, d’entendre parler de cette IA générative à propos de laquelle nous lisons depuis quelques mois toutes sortes d’analyses et d’appréciations – y-compris les plus orthogonales. Qu’on le veuille ou non, l’IA demeurera en 2024 une perspective forte pour le métier de la veille, d’autant plus que nous n’avons pas encore fini d’identifier la totalité de ses domaines d’application. En réalité, c’est un processus de compréhension dans lequel nous sommes collectivement engagés au sujet de l’IA et qui est appelé à se poursuivre dans les mois à venir. Comment utiliser l’IA ? Quelles sont ses limites ? De quelle manière cet outil repositionne-t-il l’action du veilleur ? Quel peut être l’impact de la récente règlementation européenne et de sa mise en œuvre ?  Autant de questions sur lesquelles nous devons encore acquérir du recul.   Dans un tel contexte, une chose est sûre : l’IA générative est là et constitue une perspective incontournable pour la communauté des veilleurs. Les premières démonstrations d’un outil de veille reposant sur Open AI le démontrent : qu’ils soient privés ou publics, les professionnels souhaitent basculer au plus vite dans une phase de test. Ce type d’approche devrait permettre en 2024 à de nombreuses organisations de mesurer concrètement la valeur-ajoutée des outils de veille « augmentés » par l’IA, venant ainsi nourrir notre réflexion collective. Dans quelle mesure l’IA générative constitue-t-elle un danger pour les veilleurs ? La question de fond est là, et traduit dans bien des cas une crainte. Celle-ci est compréhensible : face à un bouleversement technologique aussi puissant que l’est l’IA, la peur est présente chez de nombreux professionnels et doit faire l’objet de réponses. Il s’agit ici de comprendre, de mesurer les enjeux pour au final mieux agir. Un ensemble d’éléments qui suppose une fois de plus que les éditeurs de solutions de veille accompagnent au plus près leurs clients, dans une logique de suivi renforcé et de conjuration – pour ne pas dire d’effacement – de la peur. Celle-ci n’est que très rarement bonne conseillère…   Actuellement, force est de constater que le monde de la veille aborde la révolution de l’Intelligence Artificielle en termes de tâches additionnelles à donner aux veilleurs. Pour le dire autrement et sans doute un peu plus frontalement, le remplacement intégral de l’être humain par la machine n’est pas d’actualité. En 2024, le facteur humain devrait ainsi demeurer l’élément central des réflexions stratégiques menées par les organisations, étant entendu qu’il reste encore de nombreuses tâches que seul un être humain est en capacité de faire. Contextualiser une synthèse de veille, l’ajuster à la culture de l’entreprise, à la dynamique d’un groupe, à des objectifs stratégiques : voilà bien ce que les veilleurs seront encore appelés à réaliser en 2024.

Learn More

Veille dans le secteur du luxe et des cosmétiques : une forte exigence

Pas question de rater une tendance, une innovation ou une nouvelle règlementation : la veille qui est déployée dans le secteur de la beauté se caractérise par la grande rigueur des équipes qui lui sont dédiées. 

Malgré la conjoncture actuelle, le marché du luxe et des cosmétiques se porte bien. Selon le dernier rapport publié par McKinsey sur le sujet, le secteur de la beauté (qui regroupe les soins de la peau, le maquillage, les parfums et les soins capillaires) aura généré en 2023 quelque 430 milliards de dollars de revenus (soit 392 milliards d’euros). La croissance du segment de la beauté grand public est forte de 5 % par an. Celle du segment prestige l’est davantage encore, avec 8% d’augmentation. Les consommateurs dépensent de plus en plus dans des articles haut de gamme. Et cela, les marques l’ont bien compris…

Une veille opérée sur un large éventail

De telles dynamiques sont à la fois de nature structurelle et conjoncturelle. Les acteurs clés du secteur luxe et cosmétique sont en alerte quotidienne afin de saisir la moindre tendance, la moindre évolution, voire la moindre innovation. De Louis Vuitton à Chanel, de Hermès à Yves Saint-Laurent, les cellules de veille spécialisées qui officient sont à l’affût de toutes les informations accessibles. Ainsi, la veille qu’elles déploient joue sur un éventail large et comprend :

  • La veille marché : que font mes concurrents ? Quelle est la nature de leur activité ? Quels sont leurs nouveaux produits ?
  • La veille règlementaire : quelles sont les restrictions, les limites posées par les législations nationales et européennes ?
  • L’observation des tendances de consommation : qui sont les influenceurs à suivre ?
  • La e-réputation (image de la marque véhiculée sur Internet et les réseaux sociaux), des produits mis sur le marché ainsi que des dirigeants ;
  • La veille R&D : quelles sont les innovations présentes ? Celles à venir ?

Cette dernière veille concerne l’état du marché bien sûr, mais va encore au-delà. Elle englobe la R&D du secteur de production (les spécificités moléculaires par exemple) et la R&D propre à l’image. L’habillage d’un produit fait ainsi l’objet d’une attention toute spécifique, que ce soit dans son design ou dans sa composition.

Des équipes de veilleurs professionnalisées et exigeantes

Déployée sur un large prisme, cette veille est assurée dans une majeure partie des cas par des équipes de professionnels de la veille strictement dédiées. Au sein des principaux grands groupes, ces équipes sont spécifiques et à part dans la mesure où pour elles l’enjeu est stratégique, directement corrélé au ROI (retour sur investissement) de la marque. Ne pas rater une innovation, saisir – voire anticiper – une tendance, comprendre une évolution du cadre juridique… Ces spécialistes de la veille sont en permanence habités par une forme d’exigence et un souci du détail.

 

Il en va ainsi du packaging des produits, dont on peut dire qu’il concentre une grande partie de l’attention. Afin de structurer une veille propre à cet objet, les équipes de veille peuvent aller jusqu’à s’inspirer d’autres secteurs, et notamment du secteur alimentaire. Saviez-vous que certains couverts sont actuellement conçus pour être consommables par le client lui-même ? Ces couverts comestibles, porteurs d’une aspiration écologique, pourraient éventuellement inspirer les rouges à lèvres du futur… Voici le type d’interrogation que peuvent poser certaines lettres d’information rédigées par les équipes de veille de nos grands groupes.

 

Particulièrement professionnelle, la veille qui est réalisée dans le secteur du luxe et des cosmétiques se caractérise par des informations précises, délivrées via des newsletters dont la mise en page et le design graphique sont très chiadés. Elle se signale également par la recherche poussée de la plateforme de veille qui répondra le plus aux exigences de la marque. Sur ce point, la sélection amont est précise, la mise en concurrence impérative, les perspectives d’amélioration du produit nécessaires. Un réel partenariat existe ainsi entre les équipes de l’entreprise et celles de l’éditeur de solution de veille. Un travail au long cours qui repose sur une capacité permanente à aller de l’avant.

Learn More

Externaliser sa veille : une action en deux temps

L’externalisation de la veille stratégique de l’entreprise implique une action en deux temps : cadrage et montée en cadence vers le cycle de la veille. Une action qui amènera nécessairement les organisations à s’impliquer dans le projet.

Circonstances obligent, certaines organisations sont régulièrement amenées à externaliser leurs actions de veille stratégique. Dans certains cas, cette option est liée à un contexte particulier : période de congés au cours de laquelle le veilleur est absent pendant plusieurs semaines, vacance d’un poste en raison d’un congé maternité ou d’une maladie… Quelle que soit la raison, cette externalisation n’est jamais neutre et nécessite le déploiement d’une méthode de travail strictement balisée. Deux temps la composent : d’abord, le cadrage du projet ; ensuite, la montée en cadence en vue de la mise en place du cycle de la veille.

Acte 1 : le cadrage de la mission de veille

Le cadrage du projet constitue la première étape, celle au cours de laquelle l’éditeur de solution et l’organisation donneuse d’ordre vont être amenés à réaliser un certain nombre d’actions en commun. Prenons l’exemple d’une externalisation « from scratch », c’est-à-dire d’une initiative de veille totalement nouvelle émanant d’une entreprise. Dans un tel cas, la compréhension des objectifs est primordiale. Il s’agit ici d’écouter l’organisation dans l’expression de ses besoins, de l’accompagner dans l’affinage de ceux-ci mais aussi de fixer certaines limites – car on ne veille pas en permanence et de n’importe quelle manière. Ces échanges permettent tout particulièrement de définir les thématiques qui devront faire l’objet d’une veille. Ils permettent également à l’éditeur de la solution de veille d’ajuster l’ensemble des thématiques qui devront être surveillées. Pour quelles raisons sont-elles prioritaires ? À quels types de cibles sont-elles destinées, en interne ? Le propre de ces questions consiste à établir un constat le plus large et le plus précis possibles. Pour l’éditeur de veille, il s’agit d’entendre l’expression de ces besoins et de les adapter, étant entendu que chaque entreprise évolue dans un secteur, une culture, des approches qui lui sont spécifiques.

Acte 2 : la montée en cadence vers le cycle de la veille

Pour important qu’il soit, ce premier acte en appelle un second, lié celui-ci à la mise en cadence des actions de veille. Car une fois le cadrage de la mission effectué, il faut encore engager les premières actions concrètes de veille et jauger de leur efficacité au regard de la problématique exprimée par l’entreprise donneuse d’ordre. Pour le dire autrement, lorsque l’on se lance dans une veille externalisée il s’agit d’avancer progressivement, par étapes, en évitant de prendre l’intégralité des sujets à bras-le-corps. Du côté de l’éditeur de solution comme de celui de l’organisation, un temps d’adaptation est donc bien nécessaire. C’est ainsi que l’on ira tester concrètement une thématique et que l’on analysera les résultats obtenus avec le client – idéalement avec un groupe projet composé d’utilisateurs internes de la veille. C’est à partir de là, et à partir de là seulement que l’on pourra monter en puissance et installer la dynamique du cycle de veille.

 

Ce dernier virage permet véritablement d’ « entrer dans le moteur », c’est-à-dire de déployer l’outil. Nous vérifions ici le « sourcing », nous affinons la manière dont les résultats issus de la veille seront présentés, nous évoquons les rapports de synthèse… Cette mise en place du cycle de la veille peut être déployée assez rapidement dès lors que les phases de cadrage et de mise en cadence ont bien été validées. L’une des parties les plus sensibles demeure toutefois celle des rapports de veille. Elle implique une très bonne connaissance des éléments de langage et des axes stratégiques de l’entreprise, mais aussi des démarches métiers… Ici encore, le partage entre l’éditeur de veille et l’entreprise se doit d’être étroit, avec des phases en présentiel qui permettent de se comprendre de la manière la plus fine possible. Vient ensuite la phase de diffusion, particulièrement liée aux différents types de livrables à développer (newsletter, plateforme…). Mais cette action est loin d’être la plus complexe à mettre en place.

 

Externaliser la veille nécessite pour une entreprise d’accepter de passer du temps avec son prestataire fournisseur de solution. Cela permet d’être certain d’avoir la bonne information, de respecter au mieux la stratégie comme les objectifs et d’être absolument certain que l’on reste bien sur l’axe de départ. Ce temps passé constitue un investissement payant pour l’organisation dans la mesure où il pourra faciliter la tâche de l’organisation si celle-ci souhaite un jour internaliser ses propres veilleurs. Un investissement également intéressant pour une entreprise qui décide d’externaliser de manière momentanée : il n’est jamais vain de mettre à plat certaines démarches structurantes, surtout si elles engagent ensuite des décisions stratégiques de l’équipe de direction.

Learn More

Veille : 5 mots clés pour résumer l’année 2023

L’année 2023 a été marquée par des événements que nous pouvons résumer en quelques mots clés : contraction, professionnalisation, conseil, faire savoir et… IA générative.

Positive et stimulante : s’il fallait résumer cette année 2023 qui se termine, ce serait sans doute à travers ces deux adjectifs qu’il faudrait le faire. Positifs, les 12 mois qui viennent de s’écouler l’ont été dans la mesure où ils ont permis à l’écosystème de la veille et de l’intelligence économique de se développer encore un peu plus auprès des organisations. Stimulants, ils l’ont également été sur le plan technologique, avec le déploiement de plus en plus avéré de l’Intelligence Artificielle générative.

Voici, en 5 mots clés, quelques-unes des tendances marquantes cette année.

  1. Croissance et contraction du marché. Le secteur de la veille a poursuivi en 2023 sa progression. Confrontées à des contextes de plus en plus changeants et incertains (crises, guerres, évolutions technologiques et juridiques…), les organisations ressentent plus que jamais la nécessité d’investir dans une activité de veille. Dans le même temps, nous observons que les éditeurs de solutions de veille sont engagés dans des dynamiques d’acquisitions. Résultat : nous avons appris en 2023 que de nombreuses structures de veille – anciennes pour certaines d’entre elles – avaient été rachetées, et soumises à des orientations stratégiques plurielles. Jusqu’où ce mouvement de contraction ira-t-il ? Nous pouvons raisonnablement penser qu’il se poursuivra encore un peu dans les mois à venir, avant que le marché ne se stabilise.
  2. Des professionnels de plus en plus… professionnels ! Nous avons eu l’occasion cette année d’évoquer la forte professionnalisation de la profession de veilleurs. Il existe désormais au sein des universités françaises de nombreuses formations dédiées (Lille, Strasbourg…), qui « produisent » chaque année des jeunes diplômés parfaitement au fait des méthodes de veille ainsi que des outils qui permettent de l’assurer. Nous avons donc semé des graines et l’on retrouve de plus en plus de ces jeunes pousses dans les grands groupes, au sein de leurs filiales  mais également dans des PME et PMI ou au sein de startups où les professionnels en charge du marketing ont une connaissance affinée de ce qu’est la veille. Celle-ci apparaît de plus en plus comme une brique élémentaire.
  3. Du conseil et du temps. Expliquer aux organisations les bénéfices de la veille en amont et l’assurer en aval implique un fort investissement en temps de la part des éditeurs de solutions. De ce fait, ces acteurs ne sont plus seulement positionnés en tant que prestataires techniques, mais aussi sur le champ du conseil. Ils le sont dans la phase de prospection, où il s’agit plus que jamais d’expliquer, d’articuler l’action de veille avec les enjeux de l’entreprise, d’accompagner l’équipe de direction dans sa réflexion. Ils le sont également dans la phase d’évolution de la veille, dans un contexte d’infobésité qui peut parfois noyer les veilleurs sous un déluge d’informations. Quelles sources privilégier ? Quelles informations faire remonter ? Telles sont quelques-unes des principales interrogations sur lesquelles les éditeurs de veille sont de plus en plus sollicités.
  4. Savoir et faire savoir. Pour les éditeurs de solutions de veille, il est devenu impératif de rayonner en faisant appel à la communication et au marketing. Cette approche apparaît de plus en plus comme un préalable au dialogue constructif et évolutif que nous venons d’évoquer entre les entreprises et les éditeurs, et joue à la fois sur le présentiel et le distanciel. Elle peut par exemple se déployer via la participation à certains salons professionnels qui, en l’espèce, permettent d’amorcer une réflexion appelée à s’approfondir avec les organisations. Elle se développe aussi à travers l’organisation de webinaires au sein desquels l’acculturation et les interactions seront de mise.
  5. IA générative. Voici sans conteste l’information majeure de cette année 2023. Annoncée lors du salon Viva Technologie et sorti officiellement à la fin du mois de novembre 2022 après quelques mois de mise au point et d’adaptation suite à des tests clients, ChatGPT a constitué une rupture majeure au sein de nos sociétés et de nos entreprises mondialisées, à tel point que l’on peut certainement parler d’un phénomène comparable à ce qu’a été la Révolution industrielle au XIXe siècle. A ceci près que ce virage – ainsi que celui du fordisme dans les années 1940 – a été pris à la vitesse de l’éclair ! Mondialisation oblige, de nombreux secteurs ont été prompts à s’adapter à cette bascule, cependant que les méthodes de travail comme les dirigeants étaient fortement challengés. Comment expérimenter et mettre en œuvre l’IA générative ? De quelle manière celle-ci peut-elle aider les professionnels dans leurs métiers ? Au même titre que d’autres professions, les veilleurs se sont bien entendu posé ces questions, qui pour la plupart d’entre elles restent ouvertes. Pour l’heure, force est de constater que l’IA ne remplace pas le veilleur dans ses tâches, mais qu’elle l’aide à maintenir son emploi et à le rendre plus fort. Résumés, synthèses, bilans… Voici quelques-unes des actions que l’IA prend avantageusement en charge, le professionnel de la veille étant là pour prendre de la hauteur et déployer une analyse plus aboutie. Il gagne ainsi un temps précieux…

En 2023, plusieurs tendances ont traversé l’écosystème de la veille. L’essor de l’IA générative en constitue le point le plus net, avec la contraction du marché, la professionnalisation de ses acteurs et la nécessité de savoir acculturer grâce à la communication et au marketing. Nous avons également pu repérer cette année certains signaux faibles, à l’image de l’externalisation de la veille. De plus en plus d’organisations semblent séduites par ce type de prestations. Dans quelle mesure cette dynamique se précisera-t-elle l’an prochain ? L’avenir nous le dira assurément, tout comme il nous précisera un peu plus encore les impacts de l’IA générative sur nos métiers.

Learn More

La veille stratégique confrontée à l’IA générative : au-delà des craintes

L’IA générative qui se déploie actuellement dans le secteur de la veille stratégique suscite certaines craintes. Celles-ci peuvent être dépassées en effectuant de la pédagogie auprès des professionnels.

 

Après avoir défrayé la chronique et connu une large couverture médiatique au début de l’année 2023, l’Intelligence Artificielle (IA) générative continue à bas bruit de nourrir certaines inquiétudes au sein de plusieurs professions. Le secteur de la veille n’échappe pas aux craintes qui s’expriment, aiguillonné qu’il est par l’actualité récente. Au mois de septembre dernier, une entreprise spécialisée dans la veille, les médias et les relations presse a en effet annoncé le licenciement de plus de 200 de ses collaborateurs, soit 50% de sa masse salariale. Il n’en a pas fallu plus pour que certains observateurs déploient l’image d’un remplacement de la machine par l’homme. Au-delà de l’émotion légitime qui peut s’exprimer ici, il convient peut-être de prendre du recul. Dans quelle mesure l’IA générative est-elle précisément en train de faire évoluer le travail des veilleurs ?

L’IA : une technologie déjà déployée… mais qui franchit un nouveau cap

Avant d’entrer dans les détails des dynamiques nouvelles qui sont à l’œuvre, il semble important de rappeler que l’IA fait d’ores et déjà partie des leviers mis à la disposition des professionnels de la veille. Exploration pertinente des sources d’information via le Smart Crawling, analyse automatique des formats audio et vidéo grâce au Speech-to-Text, reconnaissance visuelle, filtres permettant d’ajuster la pertinence des informations pléthoriques auxquelles les organisations privées et publiques sont soumises… L’Intelligence Artificielle est désormais parfaitement intégrée aux solutions de veille qui se trouvent sur le marché.

 

Avec une IA de plus en plus générative, les outils de veille sont toutefois en train de franchir une nouvelle étape dans leur développement. La valeur ajoutée permise par la création de textes nouveaux, mais aussi d’images élaborées de toutes pièces, fait pénétrer le travail de veille dans une nouvelle dimension. Le cas de la synthèse de documents est ici emblématique : alors que ce digest mobilise souvent les professionnels de la veille pendant plusieurs heures, il peut être désormais absorbé par la machine en quelques instants à peine. Pour les veilleurs, le gain de temps est substantiel… Ce qui n’empêche nullement ceux-ci de manifester leur inquiétude.

Une pédagogie nécessaire auprès des veilleurs

Les craintes actuellement exprimées au sein des organisations semblent assez largement répandues. Interrogés sur ce que suscite l’IA générative pour eux, certains professionnels de la veille font état de certaines préoccupations. Pour y répondre, certains éditeurs de solutions de veille ont organisé des webinaires où les plateformes de veille augmentées par l’IA générative étaient présentées. Ce sont ces échanges qui ont permis de constater empiriquement combien les questionnements étaient présents chez les veilleurs. Ces rencontres ont également permis de voir que ces mêmes veilleurs étaient assez curieux de découvrir les possibilités permises par l’IA générative… Ce qui au final a permis de désamorcer la dimension émotionnelle suscitée par celle-ci.

 

C’est en effet à force d’explications et de démonstrations que nous avons pu voir combien la crainte des professionnels s’atténuait. Plus les veilleurs ont eu à connaître les capacités nouvelles qui s’offraient à eux, plus ils ont repris confiance dans les perspectives inhérentes à leur métier. Gains de temps majeurs sur des tâches répétitives (synthèses et résumés de documents principalement), possibilités plus larges laissées au travail d’animation et à l’intelligence collective : il existe bel et bien un avenir pour le travail de veille. Les veilleurs avec lesquels nous avons pu échanger l’ont clairement exprimé, évoquant au passage une transformation de leur métier et non pas une disparition de celui-ci.

 

Le processus qui se trouve actuellement à l’œuvre au sein des métiers de la veille confrontés à l’IA générative est donc bien celui d’une évolution à l’œuvre. À l’image de ce qui s’est passé au mois de septembre dernier, certaines équipes de direction pourraient en profiter pour déployer une stratégie de Cost Killing, dont nous savons par ailleurs qu’elle peut parfois s’exercer au détriment de la croissance d’une organisation. D’autres s’attacheront plus pragmatiquement à faire évoluer les missions des veilleurs, de la même manière qu’elles se sont adaptées à l’apparition du World Wide Web il y a près de 30 ans. Ce sont donc bien les modalités de la veille qui, dans un avenir proche, pourraient de nouveau évoluer.

 

Sans pour autant venir transfigurer l’ADN même du métier de veilleur, plus que jamais nécessaire dans un monde en situation de transition.

 

Arnaud Marquant

Directeur des opérations

KB Crawl SAS

Learn More

Enseignement supérieur et insertion professionnelle : une veille à vocation de plus en plus stratégique

Comment s’effectue la veille au sein des services de l’Etat ? Gros plan sur les actions menées au sein de la Direction Générale de l’Enseignement Supérieur et de l’Insertion Professionnelle.

Par Prunelle Charvet, Responsable de la veille, Direction Générale de l’Enseignement Supérieur et de l’Insertion Professionnelle et Arnaud Marquant, Directeur des opérations, KB Crawl SAS.

En cette période de rentrée universitaire, près de 3 millions d’étudiants rejoignent les établissements d’enseignement supérieur. Ces chiffres s’accompagnent de problématiques spécifiques. Parmi celles-ci, on peut citer la démographie, l’égalité des chances, la précarité, le logement, et bien d’autres. La société française est confrontée à une multitude de phénomènes, et il est crucial de rester attentif aux signaux faibles qui pourraient avoir un impact sur l’enseignement supérieur.

Une veille d’abord éditoriale

Cette action passe nécessairement par un travail quotidien d’observation. Au sein de la Direction générale de l’enseignement supérieur et de l’insertion professionnelle (DGESIP) du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche, une activité de veille a été instaurée en 2013, il y a tout juste dix ans. L’objectif initial consiste à fournir une information globale destinée aux différentes sous-directions, sur des sujets à la fois transverses et spécifiques à chacune.
– Quelles sont les politiques publiques impactant l’enseignement supérieur ?
– Où se situe la France dans les différentes comparaisons internationales ? 
– Quelles sont les attentes des étudiants vis-à-vis de l’enseignement supérieur ? 
À cette époque, le travail à effectuer par les services de l’Etat relève surtout d’une veille éditoriale. Signalement de ressources, repérage de rapports et de travaux de recherche… La veille de la DGESIP s’appuie sur des outils gratuits et une approche pragmatique. Ce fonctionnement fera ses preuves jusqu’à ce que de nouvelles nécessités se fassent sentir…

Faire face à l’infobésité grâce à une veille collaborative et un outil de veille performant

Car en cette fin des années 2010 la veille fait de plus en plus face à une profusion exponentielle des informations à synthétiser ainsi qu’à une extension des périmètres à couvrir. Au sein des services spécialisés dans l’enseignement supérieur et l’insertion professionnelle, de nouvelles thématiques émergent, liées aux défis sociétaux et environnementaux auxquels l’enseignement supérieur est confronté : égalité des chances, numérisation de l’enseignement, emplois de demain ou encore crise du logement. Quant aux services de l’Etat, ils se trouvent de plus en plus confrontés au phénomène de l’infobésité, amplifiée par la montée en puissance des réseaux sociaux.

Nous sommes en 2018 : c’est alors que la DGESIP décide de s’attacher les services d’une plateforme de veille à haute valeur ajoutée technique. Outre sa capacité à aller surveiller des ressources multiples et variées, la plateforme doit pouvoir favoriser la collaboration de la communauté des veilleurs eux-mêmes. C’est autour de ce nouvel outil que va se formaliser la mise en place d’une veille collaborative avec d’autres services du ministère tels que l’Inspection générale de l’Éducation, du Sport et de la Recherche et la Direction du numérique pour l’éducation. Editorialisation de contenus, outil personnalisable et surveillance des sources : plus de 1500 personnes ont accès à un moteur de recherches puissant et professionnel.

2023 : un recours à l’IA qui permet une veille véritablement stratégique

Cinq années plus tard, une nouvelle étape se dessine. L’automatisation des tâches rend désormais de précieux services aux veilleurs. Les nouvelles plateformes, spécifiquement développées par des éditeurs spécialisés, s’accompagnent de paramétrages de plus en plus fins. Elles permettent de réaliser une veille plus proactive et stratégique, loin des standards qui étaient demandés il y a de cela dix ans. Les temps ont changé : en 2023, il ne s’agit plus tant de produire un état des lieux des ressources disponibles que de déployer une vision à 360° des problématiques et de « pousser » l’information auprès des utilisateurs. Avec le développement sans précédent des réseaux sociaux, des blogs, des vlogs ou encore des podcasts, les professionnels de l’action publique ont plus que jamais besoin d’une veille organisée, structurée et synthétique. Pour cela, l’intelligence artificielle (IA) constitue une précieuse ressource dont les promesses sont pour le moins séduisantes.

Désormais embarquées dans les plateformes de veille, les IA conversationnelles sont sur le point de permettre au veilleur de réaliser la synthèse de dizaines de documents en quelques secondes à peine. Grâce à elles, la mutation du métier de veilleur se poursuit. En permettant la reformulation, le résumé et la synthèse, l’intelligence artificielle conversationnelle libère le spécialiste de la veille de tâches chronophages pour se concentrer sur l’aspect fondamental de son travail : la veille stratégique.

Cette technologie rétablit l’importance de la valeur ajoutée apportée par les professionnels, marquant ainsi une avancée qualitative significative dans le domaine de la veille. Elle répond parfaitement aux attentes de la Direction générale de l’enseignement supérieur et de l’insertion professionnelle, où la veille requiert de plus en plus une analyse stratégique des données, plutôt qu’une simple compilation synthétique.

Face à la complexité croissante du monde, il est indéniable que le métier de veilleur continuera à jouer un rôle essentiel dans les années à venir.

Learn More

La logistique, un secteur de veille particulièrement dynamique

Le secteur de la logistique se caractérise par de très puissantes dynamiques, notamment en lien avec le développement du e-commerce et la transition écologique. Il oblige en cela à une veille variée, constante et à 360°.  Consistant à gérer tout ce qui concerne le transport et le stockage des produits d’entreprises, le secteur de la logistique connaît actuellement des évolutions sans précédent. Déjà en croissance avant la pandémie sanitaire des années 2020-2021, il fait face depuis trois ans à de très puissantes mutations. Les dynamiques à l’œuvre sont d’abord qualitatives : en France, la filière compte 1,8 millions d’emplois (soit 4 fois plus que la filière automobile par exemple), représente 200 M€ de chiffre d’affaires et produit 10% du PIB national. Elles sont également de nature qualitative : le secteur logistique, grand consommateur d’énergie, est directement impacté par les transitions écologique et numérique.

 


 

Une veille variée : marketing et innovation

Ce contexte rend la veille logistique particulièrement varié. Pour l’exprimer autrement, il existe une multitude de thématiques de veille autour de la logistique, des transports et de la distribution.

La première est la veille marketing. Surveiller son marché, ses concurrents, les tendances émergentes chez les clients, les nouvelles offres, relève d’un prérequis. Il est également central de se focaliser sur les aspects innovants de la logistique, que ce soit en lien avec les modes de transport ou encore avec le stockage des produits. Nous sommes ici en prise directe avec des thématiques telles que la livraison du dernier kilomètre, les modes de transports doux ou encore la multimodalité. Tous sont à surveiller !

 


 

Aspects internationaux et compliance

Dans le même temps, il convient de conserver un regard critique sur les aspects internationaux, tout particulièrement règlementaires. Relativement bien maîtrisés à l’échelle hexagonale, ceux-ci sont plus difficiles à capter à l’échelle mondiale. Est-on bien conforme à la règlementation en vigueur dans tous les pays où l’entreprise intervient ? C’est un premier point. Il faut également savoir anticiper, c’est-à-dire veiller les leaders d’opinion étrangers. Dans quelle mesure leurs prises de parole augure-t-elles de changements à venir ?

Il existe encore une autre dimension de la veille, à laquelle on pense habituellement peu : la veille compliance. Cette action consiste à se renseigner sur le respect des entreprises avec lesquelles l’on travaille vis-à-vis des normes juridiques et éthiques qui leur sont applicables. Les biens que l’on est amené à transporter sont-ils bien en règle ? Les sous-traitants ou les partenaires avec lesquels nous faisons affaire sont-ils pérennes financièrement ? Autant d’aspects à surveiller.

 


 

Des changements profonds à toutes les échelles

Ces actions de veille à 360° nous montrent combien le secteur de la logistique connait actuellement des changements rapides et profonds, et ce tous azimuts. Nous sommes confrontés ici à des évolutions tout à la fois conjoncturelles et structurelles dont il convient de mesurer la très grande portée.

Conjoncturellement, le secteur ne cesse de se réinventer. Prenons l’exemple du packaging des produits, notamment des parfums. L’enjeu logistique consiste à être en capacité d’en assurer un stockage dans de bonnes conditions, mais aussi à faire en sorte que les emballages ne souffrent pas trop des multiples manipulations dont ils vont être l’objet entre le moment de la fabrication et la livraison chez le client final. Les matériaux de packaging sont ainsi au cœur de l’intérêt manifesté par les veilleurs. Il convient de connaître quels sont les nouveaux matériaux utilisés, ceux qui seront en capacité d’allier robustesse et légèreté. Ces matériaux peuvent-ils, en plus de cela, être durables ? Tel est précisément le propos d’une veille sur la R&D…

 


 

Vers une révolution structurelle

Mais c’est surtout structurellement que le secteur de la logistique et des transports est appelé à connaître une révolution majeure dans les années qui viennent. Car si le e-commerce a fait évoluer les flux, les modalités durables de transport sont en passe de le faire aussi. Avec une flotte de moins en moins thermique et de plus en plus électrique, le domaine logistique est en train d’engager l’une des plus importantes mutations de son histoire. Qui aurait dit, il y a 5 ans, que le diesel ne serait plus roi dans ce secteur ? En 2040, près de 100% des camions qui transportent nos marchandises seront électriques…

Il faut également veiller en profondeur les aménagements routiers à venir. Eux aussi sont susceptibles de connaître des innovations radicales, à l’image du système de la route électrique dont l’Etat étudie actuellement l’articulation avec le transport routier. De telles réflexions ne peuvent être ignorées par les acteurs de la logistique et des transports, tant les options stratégiques à opérer seront orthogonales lorsque le changement de paradigme aura été entériné juridiquement.

Dans un monde connaissant de profonds bouleversements, le secteur de la logistique, dont les modalités d’actions sont très concrètes, se trouve aux avant-postes. Fabrication, stockage, transports… C’est une chaîne complète – et complexe – d’acteurs qui se trouve mobilisée, avec des changements profonds attendus à de multiples niveaux. Déjà sur le qui-vive, les professionnels de la veille devraient le rester, et ce pour de nombreuses années encore…

 

À voir aussi

Learn More

Veille : une proximité nécessaire entre veilleurs et éditeurs

De plus en plus techniques, les outils de veille nécessitent que les veilleurs et les éditeurs des solutions de veille travaillent de concert. Pour ces derniers, la relation client va au-delà du prérequis : elle est fondamentale.

Accompagner, aider, assister, répondre… La mise en place d’une solution de veille procède d’une action technique qui nécessite, de la part de tout éditeur, une certaine forme de proximité avec ses clients. Cette proximité renvoie aux notions de voisinage, d’affinité et de ressemblance inhérentes aux racines mêmes d’une notion souvent galvaudée par le langage du marketing. Au-delà de tout story-telling, elle est surtout à replacer dans le contexte très concret d’une pédagogie nécessaire, pour ne pas dire d’un compagnonnage sans cesse remis sur le métier.


Mise en œuvre et « run » du projet : un cadre « processé »

En 2023, une solution de veille digne de ce nom s’inscrit forcément dans une forte valeur-ajoutée technique, pour ne pas dire technologique. Parce qu’elle est ajustée au mieux à la demande de l’organisation, la plate-forme appelée à être utilisée par les équipes de veille – voire par le veilleur solitaire – déploie certaines spécificités. Celles-ci ont trait à la fois à la phase de mise en œuvre du projet de veille, et à celle du « run », c’est-à-dire de la vie du projet.

En phase de mise en œuvre, l’organisation cliente pourra s’appuyer sur l’expertise des consultants pour la partie technique. Les échanges porteront classiquement sur les serveurs, les thèmes de la veille, le paramétrage des sources, la finesse des filtres de surveillance mais aussi sur l’animation du réseau des veilleurs et les bonnes pratiques de communication pour attirer et fidéliser l’audience. L’objectif est de permettre à l’organisation de tendre vers l’autonomie. À l’issue de cette phase, il pourra être proposé à l’entreprise qu’elle dispose d’un accompagnement fonctionnel d’un mois, avec un référent clairement identifié chez l’éditeur. Là encore, tout est affaire de pédagogie et de proximité : ce n’est jamais à partir d’un discours général que l’on est en capacité d’exploiter un outil aussi précis qu’une plateforme de veille. Il convient aller au-delà de l’approche théorique, de joindre le geste à la parole…

Il en va de même une fois que le projet est lancé. En phase de « run », il convient toujours d’accompagner les clients dans la durée. Des process clairement établis forment le cadre de ce compagnonnage : ils sont à la fois trimestriels et annuels, avec des objectifs différents. Tous les trois mois, il s’agit de faire un bilan du projet avec le client, de présenter les nouveautés introduites dans l’outil, quand ce n’est pas de délivrer des conseils pour rendre le projet de veille plus performant.

Les rendez-vous annuels poursuivent un autre objet, lié à l’analyse structurelle des données du client. Qu’est-ce qui fonctionne bien ? Quels sont les points à améliorer ?


Maintenir le projet dans une dynamique

Nous comprenons bien ici que les actions requises consistent en grande partie à animer le projet de veille. Nous savons que cette animation vaut pour les veilleurs eux-mêmes, en interne ; elle est également valable dans la relation client-fournisseur. Dans les deux cas, l’enjeu est de maintenir le projet vivace. Faire savoir le savoir-faire : telle est la formule consacrée. Au-delà de leur dimension communicante, ces mots sont là pour nous rappeler que l’évolution d’un projet de veille nécessite très simplement de l’implication humaine et du relationnel.

Une telle implication doit être permanente. Au-delà des process décrits plus hauts, elle passe par certains événements tels que les clubs utilisateurs. Réunir régulièrement les clients, cela participe précisément de l’animation d’une communauté de spécialistes. Confronter son expérience à celle d’autres organisations, partager des bonnes pratiques, échanger sur des écueils… Les clubs utilisateurs permettent de déployer des rapports horizontaux entre des entreprises engagées sur des actions de veille. Ils font remonter aux éditeurs certaines difficultés, contribuant ainsi à améliorer l’outil.

Il est par ailleurs très important qu’une réponse rapide soit adressée aux clients qui sollicitent leur éditeur de veille. Méfions-nous de l’usage automatisé du numérique : là encore, c’est dans une réponse humaine et personnalisée que se trouve la clé de la proximité relationnelle avec le client. Est-ce facile à faire ? Pas toujours si l’on considère que certains sujets remontés par un client ne peuvent pas nécessairement se traiter en quelques minutes. Il est en revanche important que ce même client soit instantanément pris en charge par son chef de projet, son référent support ou encore par un responsable identifié de l’entreprise éditrice – lorsque la demande le nécessite. Attention ici à placer devant chaque demande le bon interlocuteur. Pour cela, l’organisation interne de l’éditeur doit être bien rôdée, chacun doit tenir sa place (technique, commerciale…) et l’information clients doit être partagée semaine après semaine.

Le métier de veilleur connaît ces temps-ci de profondes évolutions, liées à la révolution numérique et au développement rapide de l’intelligence artificielle (IA). Continuer de placer l’être humain au cœur même des processus professionnels de veille est un prérequis grâce auquel la dynamique féconde de la relation pourra être préservée, voire enrichie par l’intelligence collective, bien loin de l’artificielle !

Learn More