L’amalgame entre veille et espionnage

Objet de diverses interprétations, la veille est encore un domaine assez méconnu du grand public. Parmi les quiproquos récurrents subsiste celui de l’amalgame entre la veille et l’espionnage. Alors, réalité ou fantasme ? Pourquoi ces deux notions se confondent-elles ? Comment clairement distinguer la veille et l’espionnage ? Quelles sont, dans les grandes masses, les tactiques utilisées pour soutirer de l’information ?

 

Dangereusement vôtre : pourquoi une telle confusion ?

Une des causes les plus plausibles pourrait être la cinématographie hollywoodienne. Elle a largement contribué à la diffusion de films liées aux thématiques de surveillance ou d’espionnage industriel. Des affaires comme celle des Swissleaks et des longs-métrages comme Snowden continuent de défrayer régulièrement la chronique. De manière plus fictive, des films ou des séries comme James Bond ou La Casa de Papel sont rentrés dans la culture populaire. Et la recette est souvent toujours la même : surveiller ou hacker de manière illégale semble aussi facile que d’actionner un interrupteur pour allumer une lumière.

Que nous dit la loi sur ce genre de pratiques ?
Le terme espionnage, qu’il soit industriel, commercial ou économique, n’est pas spécifiquement mentionné dans les textes de droit français. Les actions en justice reposent principalement sur la violation :

  • Du code pénal (vol de documents, violation du secret professionnel, violation de clauses de confidentialité),
  • Des éléments du droit civil (dommages et intérêts pour un préjudice subi),
  • Du code de la propriété intellectuelle (violation de brevet).

Le cadre juridique n’étant pas clair, les entreprises sont régulièrement victimes d’espionnage et très peu intentent une action en justice. D’abord par risque pour leur réputation, mais surtout parce que les chances de remporter leur procès sont souvent minces.

 

Au shaker ou à la cuillère ? Quelles différences entre la veille et l’espionnage ?

La veille et l’espionnage sont deux techniques utilisées pour collecter des informations. Toutefois, la veille acquiert ses informations par des moyens légaux, alors que l’espionnage est revêtu d’un manteau d’illégalité. La veille est le processus mis en place pour surveiller son environnement juridiquetechnologique et/ou concurrentiel. Elle permet de récolter les informations utiles pour l’activité propre de l’entreprise. L’espionnage commercial, économique et industriel, quant à lui, consiste à recueillir clandestinement des renseignements sur des personnes physiques ou morales, afin d’en tirer un avantage quelconque.

Les informations récoltées par les deux activités divergent également. La veille s’attache à collecter de l’information blanche, et, idéalement, de l’information grise. En d’autres termes, elle cherche respectivement à obtenir des données publiques et/ou à accès relativement restreint. L’espionnage, de son côté, se concentre sur l’information dite fermée, ou non-accessible. Sa collecte renvoie à des pratiques complètement illégales.

 

L’espion qui m’épiait

La protection de l’Information reste de nos jours une des préoccupations principales des organisations. Ne reculant devant rien, les “espions des temps modernes” n’hésitent plus à employer des techniques douteuses afin d’acquérir des renseignements stratégiques ou confidentiels. Leurs procédés visent aussi bien à exploiter des renseignements techniques que d’origines humaines. De manière non exhaustive, voici un échantillon des techniques utilisées par les espions :

  • écoutes téléphoniques ou applicatifs (ex: skype),
  • logiciels de type spyware ou virus, 
  • vol de données ou piratages informatiques,
  • intrusions physiques dans des locaux,
  • photographies à l’insu des personnes, 
  • recrutement d’anciens employés de concurrents, 
  • intimidations, ou fouilles au corps,
  • jouer les clients-mystères,
  • etc.